Actualités : L'église de Laroque-d'Olmes

Pierre Barousse

L'église de Laroque-d'Olmes
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L'église de Laroque-d'Olmes
Par Pierre Barousse

En 2 000, l’église de Laroque d’Olmes était inscrite sur la liste des Monuments Historiques pour seulement « son clocher, son porche et son portail ».

A la suite de l’achat, grâce à un don privé, des anciennes orgues de la Chapelle Royale du Château de Versailles en 2001 par la Municipalité, Mme. Ispa, maire, demande l’inscription  en totalité de l’église sur l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Elle fut  accordée le 17 décembre 2001 par le Préfet de Région et permet à la Municipalité d’entreprendre une restauration importante, celle-ci faisant découvrir, entre autre, une fresque monumentale du XVIe siècle  qui vient enrichir les décors cités dans le motif d’inscription.

Ce motif invoqué par Mr. le Préfet dans son arrêté est le suivant : « cette église présente un intérêt d’histoire et d’art suffisant pour rendre désirable la préservation en raison de la représentativité de son architecture et de ses décors mais également du témoignage qu’elle apporte sur les différentes étapes de sa protection. »

Mais que veut dire la dernière partie de cette phrase :….. «  mais également du témoignage qu’elle apporte sur les différentes étapes de sa protection. » ?  Remontons le temps.

En 1834, Prosper Mérimée, écrivain, historien, archéologue est nommé au poste d’inspecteur général des Monuments Historiques et dresse en 1840  une liste des monuments remarquables qui sont en péril et qui méritent une protection de l’Etat. Sur cette première sélection on trouve le « château de Foix » et en 1846 viennent s’ajouter l’église d’Unac et la chapelle de Sabart. L’église de Laroque d’Olmes est le troisième monument ariégeois classé « Monument Historique » en 1875. On peut penser que cette reconnaissance a été faite à la suite du rapport adressé le 10 janvier 1840 au Préfet de l’Ariège par Monsieur Rambaud, inspecteur des Monuments Historiques, et  collaborateur de Prospert Mérimée et aussi de ceux de Mr. Comas, architecte d’arrondissement. Voici quelques extraits du rapport de Mr. Rambaud :
Laroque d’Olmes est une commune à laquelle se rattachent des souvenirs glorieux. Elle possédait un château important qui a appartenu tour à tour aux Comtes de Toulouse, aux Comtes de Foix et aux Rois d’Aragon. Son église actuelle, construite au XIVe siècle et le clocher qui la couronne offrent un document historique qui en recommande la conservation…..L’église de Laroque est donc un monument historique remarquable, cependant l’autorité locale a apporté peu de soin à sa conservation…Il était de mon devoir, monsieur le Préfet de vous soumettre les observations que j’ai l’honneur de vous adresser, votre sollicitude les accueillera favorablement.

Parmi les « observations » qu’évoquent Mr. Rambaud, il y a la cloche qui date de la construction de l’église ainsi que la «  pierre aux armoiries » qui témoigne de cette date.

A la suite de ce rapport, le 18 novembre 1840,  l’architecte d’arrondissement, Mr. Comas, constatant les dégradations du clocher écrit à Mr. le Préfet : L’église de Laroque est un des plus anciens édifices religieux de l’arrondissement. Il mérite soit à cause de son antiquité, soit à cause du style de son portail et des sacristies d’attirer l’attention de l’autorité supérieure………..Le 5 avril 1841, le même architecte, dans un nouveau rapport au Préfet sur les qualités de cette église fait la remarque  suivante:……..Ce bâtiment offre cependant quelques détails assez intéressants, le porche et le portail d’entrée sont d’une construction remarquable  et, plus loin : ….quoi que cette église ne puisse pas être citée comme un monument remarquable d’architecture,  il doit cependant attirer l’attention supérieure à cause de son ancienneté et des souvenirs historiques qui paraissent s’y attacher……..L’église est donc inscrite sur la liste des Monuments Historiques en 1875 .

En 1885, le Conseil de Fabrique, organisme qui gérait, à cette époque, les biens de l’Eglise, décide de faire des transformations importantes sur la toiture de l’église, remplacement de la charpente en bois par des voûtes et des tuiles par des ardoises. Or, une des  conditions premières de l’attribution de la qualification « Monument Historique » est, s’il ya restauration, de conserver l’édifice dans l’état du moment. C’est pourquoi la Municipalité demande le « déclassement » qui a été accordé par arrêté du 28 octobre 1886.

20 ans après, le 14/12/1906,  le sous secrétaire d’Etat des Beaux Arts propose au Préfet de l’Ariège le classement de l’église : la Commission des Monuments Historiques vient d’appeler mon attention sur l’intérêt que présente l’Eglise de Laroque d’Olmes et elle m’a proposé d’en faire prononcer le classement au nombre des Monuments Historiques……..je vous prie d’inviter le Conseil Municipal de Laroque d’Olmes à faire connaître s’il y a quelque objection à ce classement……… » Cette démarche de l’Administration est assez étrange, car en principe c’est le propriétaire du Monument qui est demandeur. Le  31/12/1906, après lecture de la demande de la Commission des Monuments Historiques par Mr. Maury, maire, le Conseil Municipal s’empresse de demander le classement après avoir rappelé « …lorsque il y a une vingtaine d’années, dans le but d’y faire des réparations majeures, le déclassement fut demandé et obtenu »……….. Le 17/04/1950, 44 ans après,  paraît  un « avis de classement concernant le clocher, le porche et le portail ».

On comprend mieux que le Préfet de Région dans son arrêté de classement du 17/12/2001 évoque « les différentes étapes de sa protection. »….épisode qui doit être assez rare dans les 15 000 églises et chapelles inscrites sur les 45 000 églises et chapelles que possède la France.    
Il faut  signaler aussi, que toutes les correspondances officielles et les motifs des trois arrêtés de classement insistent  sur l’intérêt historique de cette église qui semble même primer l’intérêt artistique.                          

Pierre Barousse(Collectif des Amis du Patrimoine Laroquais)

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