Actualités : La fabrique de peignes qui ne voulait pas disparaître

Nicole Oliver-Rouanet

La fabrique de peignes qui ne voulait pas disparaître
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La fabrique de peignes qui ne voulait pas disparaître
Par Nicole Oliver-Rouanet

CARLA DE ROQUEFORT arrondissement de FOIX, 1936.
Maire : Pujol                Percepteur : Prudent    Curé : Galy                                                             
Boulanger : Portel        Bois : Estebe               Cafetier : Bedel                                                                                   Boulanger : Portet        Epicier : Bedel              Minotier : Pujol
Charpentier : Chrestier  Hydromètre : Sarrouille  Fruitier : Marcerou                       
Cordonniers : Berteil et Rivière       Forgerons : Gineste père et fi                                    
Peignes en corne : (fabrique de.) Courrent (R) fils et Cie
Issu de l’annuaire DIDOT BOTTIN du commerce et de l’industrie de 1936, Départements-II.

Juin 2020, une grange, des objets sans valeur plus ou moins vieux, des grands livres très poussiéreux.
En face, une vieille maison de pierre plusieurs fois centenaire, du lierre dissimulant la façade, un environnement englouti par la végétation. Un béal jaillissant d’en dessous la bâtisse et la rivière du Douctouyre collé à celle-ci.
La porte s’est enfin ouverte après un trop long silence.

Juste à peine pour laisser vivre encore un peu de cette histoire et ne pas perdre dans l’oubli de la mémoire des vivants cet humble patrimoine qu’est la fabrique de peignes de Carla de Roquefort.

Le bruit des pas craquant sur le bois, le son des voix curieuses et indiscrètes alors que s’ouvre la trappe du grenier.
La lumière pénétrant dans cette gigantesque surface sombre et poussiéreuse. Un silence si apaisant. Un sentiment absolu de sérénité et de bien être inondant l’atmosphère.

Peu de choses, des portraits peints, la photographie ancienne d’un enfant, des pots de terre, un réchaud des temps anciens, de grands rouleaux de papiers, des cordes très épaisses, un coffre rempli de vieilles cendres et une malle.
Des livres d’école, un certificat d’études et le diplôme des devoirs de vacances d’Antonin, l’enfant du portrait.
Une série d’annuaires datés de 1936 de Didot Pottin, commerce - industrie, sans doute la série complète.
Une malle…

A l’intérieur, un vieil ouvrage de couture blanc fané et jauni, ayant peut-être appartenu à une tenue de communion. Quelques cornes de vaches.

De petites boites emballées dans du papier. Ces grands rouleaux de papiers posés au sol. On a du mal à défaire cet emballage non pas par difficulté mais pour ne pas détruire ce qui apparait si ancien. Une certaine euphorie à vouloir déballer l’une d’elles.

L’atmosphère bienveillante m’y invite. La curiosité m’en donne le courage.
Ce sont des peignes, des peignes en corne. Certains dans des boites de douze. Emballés d’une remarquable façon.
D’autres sont dans des pochettes individuelles. La gravure « corne véritable » est imparfaite.
Le temps et les insectes ont élimé quelques-uns de ces peignes.
La fabrique ne demande qu’à vivre, sortir de l’oubli!
Nous comprenons alors le sens des livres anciens.
Courts extraits :

  •  Août 1936.     Effets à recevoir, à Gablaï Le Caire 592,90 par chèque.
  • Décembre 1936.   Frais généraux, paiements divers 2510,20 par chèque à la Société générale de Lavelanet.

Comptabilité de l’entreprise de 1911 à 1966, calligraphie magnifique qui témoigne de la vie de la fabrique de peignes ; les frais généraux, les effets à recevoir, les salaires etc.

Peu d’éléments à communiquer et mon inefficacité à trouver davantage de renseignements tant est inconnue cette fabrique et mon inexpérience dans ce domaine.

De notoriété pourtant internationale au vu des expéditions dans le monde entier du fruit de sa production (les livres en témoignent), cette fabrique, qui fut un acteur important de la vie du pays d’Olmes est, pourtant oubliée de tous aujourd’hui.

Des chemins jadis empruntés pour y travailler, longeant le chemin du canal des moulins, du moulin de la moulinette, à l’ancienne filature devenue fabrique de peignes, jusqu’au moulin de Neylis ou bien traversant le Douctouyre pour se rendre au village tout proche.

Peu d’informations, sinon que cette fabrique   qui s’appelait Maison R. COURRENT et fils (du prénom de Raphaël), devint en 1906, la fabrique « à l’aigle » A.COURRENT & CONTE.

L’objet de ma participation est aujourd’hui de partager avec ceux qui le souhaite de petit bout de vie de territoire.

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