Communes : le village cathare

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le village cathare

le village cathare

Avant d'abriter le château actuel, le pog de Montségur comptait un village "cathare". Le site n’est pas propice à l’installation d’un village : pas de source, des surfaces escarpées, un accès difficile. Pourtant, dès sa construction vers 1204, des maisons religieuses communautaires s’y installent. Après le lancement de la croisade en 1209, et notamment à partir de 1232, l’Eglise cathare du Toulousain et des représentants de la noblesse alliée de Raymond de Péreille s’y réfugient. Ce sont des familles de croyants ou de faidits, ces chevaliers dépossédés de leurs terres, avec leurs soldats et leurs personnels. Environ cinq cents personnes, religieux et laïcs, vivent sur la montagne. Ils entretiennent des liens étroits avec le pays d’Olmes qui les approvisionne, ou plus lointains lorsque la situation politique se tend. La transcription de dix-neuf dépositions des survivants devant l’Inquisition parvenues jusqu’à nous, et les objets mis au jour à l’occasion de fouilles archéologiques et déposés au musée de Montségur, nous livrent des indices de leur vie quotidienne.

Les vestiges, dégagés lors des fouilles, prennent place sur la face nord du pog. Les maisons, de pierre et torchis sur des armatures de bois, s’étagent sur les terrasses accrochées aux pentes. Les textes mentionnent des domus et des cabana, ce qui indique une hiérarchisation de l’habitat. Certaines maisons, dépassant les 100 m2, sont aménagées à même la roche et peuvent comprendre jusqu’à trois niveaux. La plupart est beaucoup plus modeste. Le nombre élevé d’habitants réfugiés sur un site escarpé implique l’utilisation maximale de tout espace disponible et une certaine promiscuité. De petites ruelles, des passages ou escaliers, relient les bâtiments entre eux. Des ateliers (fabrication de vêtements, métallurgie, travaux du bois…), des citernes et des greniers complètent les habitations. Les textes mentionnent enfin une maison où un grand nombre de fidèles pouvaient se réunir pour assister aux sermons cathares. Guillaume Tardieu, dans sa déposition devant l'Inquisition, explique que " très souvent, l’évêque Bertrand Marty prêchait dans une maison qui était destinée à faire le sermon. Et là venaient entendre le sermon de ce parfait, beaucoup de parfaits et de parfaites ".

Pendant 40 ans, c’est une véritable " société cathare " qui est installée ici. Les religieux font de grandes prédications publiques, une catéchèse au quotidien. Ils prennent des risques pour administrer le consolament permettant le salut de l’âme. Les repas communautaires lient religieux et croyants autour de la bénédiction et du partage du pain selon la mode de l’Eglise primitive. Fays, femme de Guillaume de Plaigne, déclare dans sa déposition devant l'Inquisition :  " J’ai vu à Montségur, dans les maisons de Pierre Roger de Mirepoix, de Roger de Péreille et des autres chevaliers et autres sergents, tant de fois des parfaits que je ne peux me le rappeler (…), dans les maisons desquels ces parfaits ou parfaites venaient, (…) dans les rues ou les maisons, on les adorait... "